« Ô vous qui croyez, le jeûne vous est prescrit tout comme il a été prescrit à vos devanciers, afin que vous soyez à l’abri du mal. »
(Le Saint Coran, 2:184)
Comprendre le jeûne dans sa véritable essence permet d’en saisir toute la dimension, bien au-delà des idées reçues. Nous vous invitons à découvrir quelques aspects de cette pratique à travers une série de questions et de réponses, tel qu’elle est vécue par des millions de musulmans à travers le monde, dans son sens profond et ses bienfaits aussi bien personnels que collectifs.
Le jeûne est-il une simple privation de nourriture et de boisson ?
Idée reçue : Le Ramadan est juste une période où les musulmans ne mangent pas et ne boivent pas du lever au coucher du soleil.
Réponse : Selon l’Islam, le jeûne est avant tout un exercice spirituel. Il ne s’agit pas seulement d’abstinence physique, mais aussi d’un affinement moral et spirituel, visant à rapprocher l’individu de Dieu, à développer la patience et la gratitude et à renforcer la discipline personnelle.
Le jeûne a-t-il un impact négatif sur la santé ?
Idée reçue : Jeûner pendant un mois est mauvais pour la santé.
Réponse : De nombreuses études scientifiques montrent que le jeûne intermittent, tel que pratiqué en Islam, a des bienfaits pour la santé :
• Amélioration du métabolisme,
• Réduction du taux de cholestérol,
• Détoxication du corps,
• Régulation du taux de sucre dans le sang.
Le Saint Prophète (s.a.w.) a enseigné un équilibre : il ne faut ni trop manger à l’iftar ni se priver excessivement, car « le corps a aussi des droits ».
Le jeûne est-il une obligation sans exception ?
Idée reçue : Tous les musulmans doivent jeûner, sans aucune exception.
Réponse : L’Islam est une religion de facilité et de miséricorde. Allah a clairement indiqué que les malades, les voyageurs, les femmes enceintes ou allaitantes, les personnes âgées ou celles qui ont une condition médicale sont exemptés du jeûne. À la place, ils peuvent soit reporter leur jeûne, soit donner une compensation (fidya) en nourrissant un pauvre par jour de jeûne manqué.
Idée reçue : Le jeûne devient obligatoire dès l’âge de sept ans, quel que soit l’état physique de la personne.
Réponse : La charia interdit aux enfants de jeûner, bien qu’ils puissent en faire quelques-uns lorsqu’ils approchent de la puberté. Les parents doivent empêcher leurs jeunes enfants de jeûner, car c’est un péché. À partir de 12-13 ans, les enfants peuvent commencer à jeûner un ou deux jours, et vers 18 ans, ils devraient être réguliers. Toutefois, certains jeunes ne sont pas prêts à jeûner avant 21 ans en raison de leur développement physique. Il n’y a donc pas d’âge fixe pour commencer le jeûne.
Conclusion : Le jeûne devient obligatoire quand la personne a atteint une maturité physique suffisante et qu’elle est capable de jeûner sans nuire à sa santé. Avant cela, les jeunes peuvent être progressivement entraînés à jeûner, mais sans contrainte.[1]
Idée reçue : Toute personne qui ne veut pas jeûner peut simplement donner la fidya à la place.
Réponse : La fidya n’est pas une alternative pour éviter le jeûne, mais une compensation pour ceux qui sont réellement incapables de jeûner en raison de maladie ou d’incapacité permanente.
Notes :
Selon le Messie Promis (a.s.), la fidya est destinée à ceux qui ne sont pas capables de jeûner, en raison de la maladie ou de la vieillesse, et il est donné pour les aider à compenser le jeûne qu’ils ne peuvent pas accomplir. Il a expliqué que la fidya a pour objectif de rendre la personne capable de jeûner, si Dieu le veut, Il donnera la force au faible, mais cela ne signifie pas qu’elle remplace le jeûne. Si une personne ne peut pas jeûner, elle peut donner la fidya, qui consiste à nourrir une personne pauvre, soit localement, soit par une donation dans le fonds des orphelins à Qadian.[2]
Conclusion : La fidya n’est pas un moyen d’échapper au jeûne, mais une facilité offerte aux personnes réellement inaptes à jeûner. Ceux qui peuvent jeûner doivent s’efforcer de le faire.
Pourquoi les musulmans d’un même quartier ne commencent-ils pas le Ramadan et ne célèbrent-ils pas l’Aïd le même jour ?
Les musulmans d’un même quartier ne célèbrent parfois pas l’Aïd le même jour en raison de différences dans la méthode de détermination du début du Ramadan et de la célébration de l’Aïd, principalement en ce qui concerne l’observation du croissant de lune.
Dans de nombreux pays musulmans, des comités ou des autorités religieuses annoncent la visibilité du croissant de lune pour marquer le début du mois de Ramadan et la fin du mois, ce qui détermine la date de l’Aïd. Cependant, dans certains pays, notamment dans les régions occidentales, il n’y a pas de comité officiel et l’observation directe du croissant est essentielle.
De plus, bien que les calculs scientifiques puissent être utilisés pour prédire la visibilité de la lune, le Messie Promis (a.s.) a souligné que la véritable observation du croissant est préférable, car les calculs seuls peuvent mener à des erreurs. Ainsi, il peut y avoir des divergences dans la date de l’Aïd en fonction de la méthode d’observation adoptée. Les musulmans ahmadis suivent cette règle et se basent sur la visibilité effective du croissant de lune dans leurs pays respectifs, ce qui peut parfois conduire à célébrer l’Aïd à des moments différents des autres musulmans de leur quartier.[3]
Le dernier vendredi du Ramadan (Jumu’at-ul-Wida) a-t-il une importance particulière ?
Idée reçue : Jumu’at-ul-Wida (le dernier vendredi du Ramadan) est une prière spéciale qui garantit le pardon des péchés et remplace les prières manquées.
Réponse : Le Jumu’at-ul-Wida n’a pas de statut particulier en Islam. Il s’agit d’un vendredi comme les autres vendredis du Ramadan, et il n’existe aucun enseignement du Saint Prophète (s.a.w) qui le considère comme une prière spéciale ou ayant un mérite supérieur aux autres vendredis du Ramadan.
La nuit du Destin (Layla-tul-Qadr) est-elle garantie dans la nuit du 27 Ramadan ?
Idée reçue : La nuit du Destin tombe toujours dans la nuit du 27 Ramadan, et celui qui prie cette nuit-là obtient automatiquement le pardon de tous ses péchés.
Réponse : La nuit du Destin (Layla-tul-Qadr) n’est pas limitée à une seule nuit fixe. Elle peut se produire durant l’une des dix dernières nuits impaires du Ramadan.
Notes :
Le Saint Prophète (s.a.w.) a indiqué que la nuit du Destin (Layla-tul-Qadr) se trouve dans les dix dernières nuits impaires (21e, 23e, 25e, 27e ou 29e nuit du Ramadan).
La nuit du Destin (Layla-tul-Qadr) garantit-elle automatiquement le pardon des péchés ?
Idée reçue : Toute personne qui prie pendant la nuit du Destin est automatiquement pardonnée de tous ses péchés, sans effort ni sincérité.
Réponse : Sa Sainteté, Mirza Masroor Ahmad, le 5e calife de la communauté Ahmadiyya (a.b.a) nous éclaire à ce sujet. Il déclare :
« Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a souligné l’importance de ces 10 derniers jours du Ramadan. Mais si l’on se contente de faire des efforts uniquement au cours de cette période pour négliger les autres jours de l’année, serait-on considéré comme un véritable croyant ? Dieu annonce par ailleurs qu’Il a créé les djinn et les hommes pour qu’ils L’adorent. C’est le but véritable que doit avoir en tête le croyant. S’Il le désire Dieu pourra le rassurer en lui accordant Ses faveurs spéciales au cours de cette nuit. Il s’attend à ce que l’homme s’acquitte de son engagement en tant que serviteur et adorateur. Et lorsque Son serviteur fera des efforts conséquents, Il exaucera certainement ses prières et lui accordera la Layla-tul-Qadr. Dieu respecte toujours Ses promesses, et s’il y a des lacunes quelque part c’est toujours de la part de l’homme. »
« … Lorsque le regard de Dieu tombe sur Ses serviteurs choisis durant cette nuit, ces derniers passent par des états spirituels des plus éminents et sont récipiendaires de faveurs divines. Les musulmans sincères comprennent l’importance de ces jours ; ainsi ceux qui ont été négligents durant les 20 premiers jours essayent de se rattraper et accordent une grande importance aux prières surérogatoires. »[4]
Les six jours de jeûne après le Ramadan : une obligation ou une recommandation ?
Idée reçue : Les six jours de jeûne après le Ramadan sont obligatoires et celui qui ne les observe pas manque une partie du Ramadan.
Réponse : Ces six jours de jeûne après le Ramadan sont recommandés mais non obligatoires.
Explication :
• Le Saint Prophète (s.a.w.) a dit : « Celui qui jeûne pendant le Ramadan, puis le complète avec six jours de Chawwal, c’est comme s’il avait jeûné toute l’année » (Sahih Muslim).
• Ce jeûne est un acte méritoire, mais pas une obligation.
• Il peut être observé n’importe quel jour du mois de Chawwal, consécutivement ou séparément.
• Son but est de prolonger les bienfaits spirituels du Ramadan et de maintenir la discipline du jeûne.
Conclusion : Les six jours de jeûne après le Ramadan sont une opportunité spirituelle et une grande bénédiction, mais ils ne sont pas obligatoires. Chaque croyant est libre de les observer selon ses capacités.
À propos de l’auteure : Basharat Taujoo, Mauricienne, titulaire d’une maîtrise en français avec une spécialisation en littérature française. Enseignante particulière. A occupé plusieurs fonctions au sein de l’Amila nationale et a servi comme Sadr Lajna Imaillah nationale de 2014 à 2020.
[1] https://www.alislam.org/friday-sermon/2016-06-03.html
[4] https://www.alislam.org/articles/night-of-decree-better-than-83-years-of-life/
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